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Des compléments alimentaires beaux comme des bonbons

Les compléments alimentaires ont longtemps revêtu les formes d’une poudre blanche en sachet, d’un comprimé pastel ou d’une gélule, avalés avec un verre d’eau. Un réflexe beauté et bien-être très courant dans les pays anglo-saxons dès les années 1960 – et qui a fini par toucher les Français, puisqu’en 2022 ils étaient 55 % à en consommer, selon le Syndicat national des compléments alimentaires (Synadiet).
Un marché juteux (près de 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, toujours en 2022) récemment dopé par la ­commercialisation de produits à l’aspect ­gourmand, dotés d’une esthétique instagramable : cubes de cacao, capsules de café au collagène, poudres de super-fruits et autres gommes beauté.
« Quand j’ai créé Holidermie, j’avais envie de démocratiser la prise de compléments alimentaires pour se faire du bien en se faisant plaisir, je voulais apporter un côté lifestyle et gourmand à un geste qui peut sembler trop médical. C’est une alternative attrayante par rapport aux gélules plus traditionnelles », explique Mélanie Huynh, fondatrice de Holidermie, marque de soin précurseur dans ce domaine.
Mais cette approche n’est pas forcément soutenue par les médecins et les spécialistes de la nutrition. « Cela donne à mon avis une image gadget des compléments alimentaires. Or, ce type de produits ne doit pas être pris n’importe comment et surtout pas comme on avale des bonbons. Il peut y avoir des contre-indications, des interactions avec d’autres compléments ou avec des médicaments », commente Véronique Mounier, docteure en pharmacie et praticienne en nutrithérapie.
Des cures d’un à trois mois sont généralement recommandées et il est déconseillé de cumuler plusieurs produits, certaines synergies pouvant rendre les formules inefficaces. On peut aussi ne pas avoir besoin des nutriments présents et se retrouver avec des surdosages pour certaines molécules, ce qui n’est pas recommandé. Béatrice de Reynal, médecin nutritionniste, fondatrice de l’agence Nutrimarketing et consultante pour la marque de cosmétiques MyBlend, conseille de ne jamais opter pour des produits qui remplissent 100 % des apports journaliers recommandés (ARJ), l’alimentation nous en fournissant déjà une bonne partie.
Autre bémol : la présence de sucre dans certaines formules. « Cela s’ajoute à la quantité apportée quotidiennement par l’alimentation et si, de surcroît, vous les prenez en dehors des repas, cela peut entraîner des pics de glycémie », souligne Véronique Mounier. Tous ces produits ayant un coût, leur réelle efficacité pose également question. « Beaucoup de formules n’ont pas de cohérence. Elles renferment éventuellement une molécule intéressante, associée à d’autres dont l’effet n’est pas scientifiquement prouvé », note Béatrice de Reynal.
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